L'immigration bolivienne en dix commandements

Publié le 25 Septembre 2012

L'immigration bolivienne en dix commandements
  • 1 – Les signes annonciateurs du déluge tu détecteras

Moi qui ait d'ordinaire tendance à imaginer les pires scénarios possibles et inimaginables, j'ai pourtant cru que l'obtention de mon visa à objet déterminé marquerait la fin de mes relations laborieuses avec l'immigration bolivienne. En réalité, le colis contenant le passeport tant attendu était une véritable boîte de Pandore : ce petit bout de papier négligemment collé sur mon passeport sera dans les prochains jours le fruit de mes plus vives inquiétudes.

  • 2 – Le petit papier vert tu ne perdras pas

Et non, le document de 15mm² froissé, que le monsieur au visage fermé vous jette dans le passeport sans vous décrocher un mot, n'est pas à oublier ou à jeter (contrairement à ce qu'il semble vouloir vous faire comprendre). Oui, c'est la carte de tourisme qui sera la condition absolue de votre sortie du territoire Bolivien. Absolument, je vais la laisser au fond d'un tiroir. Et bien évidemment, je vais tenter de quitter le territoire afin de me rendre au Pérou, sans avoir le précieux sésame. La panique du chauffeur de bus à la vue de notre oubli me vaudra alors donc 30 minutes d'inquiétude totale, où je tente sans succès de me persuader que tout se passera bien.

  • 3 – Un jeu d'actrice adapté aux circonstances tu utiliseras

Dans mon cas, les policiers ont une moyenne d'âge de 40 ans : ils ont sans doute des sœurs ou des filles de mon âge. Et ce genre de sentiment est universel. Je n'ai pas eu beaucoup à me forcer pour mettre en valeur mon jeune âge, ma solitude et mes yeux aux bords des larmes. Surtout que nous sommes seules à des milliers de kilomètres de notre « chez nous », que l'Europe nous a fait oublier les frontières, et que l'on a des préjugés sur l'immigration en Amérique du Sud. Sachant qu'ici, les amendes sont plus ou moins extensibles (mais souvent plus que moins), les 25BS que je vais débourser sont dé-ri-soi-res (Alléluia).

  • 4 – Le système de « roulette bolivienne » tu assimileras

Ici on ne s'ennuie jamais, parce que rien n'est jamais pareil. C'est le cas pour les paysages, les habitants, mais aussi pour les services administratifs du pays. Tout d'abord, les amendes sont extensibles en fonction de votre tête et sans doute de l'humeur du policier. Ensuite, vous avez une chance pour que votre visa se prolonge lorsque vous re-rentrez sur le territoire. Mais peut être pas. Peut être que justement, ce jour, on vous ordonnera de vous rendre dans une ambassade bolivienne dans les 30 jours pour régulariser votre situation.

  • 5 – L'arnaque du visa à objet déterminé tu comprendras

Pour pouvoir poser un pied sur le territoire bolivien, différentes solutions s'offrent à nous. Tout d'abord, le visa touristique, qui dure 90 jours et ne demande aucunes formalités administratives. Ensuite, le visa à objet déterminé vous est proposé lorsque vous êtes sensé rester plus de 90 jours (pour travailler, volontairement ou pas par exemple). Il vous en coûtera 70 euros et 2 semaines à courir partout pour obtenir plein de papiers. Mais le consulat vous affirme que c'est le mieux car il suffit de le valider dans les 30 jours une fois arrivé dans le pays et basta. Bien sûr, c'est ce que j'ai choisi. Et évidemment, je n'aurai jamais dû car je découvre des prix bien plus exorbitants en Bolivie.

  • 6 – Des calculs mathématiques tu effectueras

Adeline et Camille décident de rester en Bolivie durant 4 mois. Elles ont le choix entre un visa touristique et un visa à objet déterminé. Sans tenir compte des questions de morale et d'honnêteté, quelle est la meilleure solution ?

Visa touristique : 0BS pour 90 jours. Ensuite, amende de 20BS/jour, soit 20(BS) x33 (jours) : 660 BS.

Visa à objet déterminé renouvelé : 700BS pour les 30 jours initiaux. Ensuite, 630(BS) x 2(mois) : 1260 BS. Puis l'amende de 660 BS. Total : 2620 BS.

Demande de résidence d'un an : 700 BS pour les 30 jours initiaux. Ensuite, 1350 BS pour obtenir le permis. Comptez également 300 BS pour une visite médicale, 50 BS pour une preuve de résidence et 70 BS pour des tests en laboratoire. Total : 1770 BS.

  • 7 – Sur l'aide de l'Ambassade de France en Bolivie tu ne compteras pas

Ayant conscience que les services d'immigration profiteront certainement de mon statut d'étrangère, mon premier réflexe sera d'appeler l'Ambassade de France. C'est à dire la représentation officielle de mon pays, soit mon allié le plus précieux pour avoir de l'aide. Ou juste des informations. Et voici l'aide qu'ils me formuleront « il faut se rendre aux services de migration mademoiselle, je ne peux rien faire pour vous ». Et non, même pas des informations. De fait : si je me retrouve un jour dans les prisons boliviennes, peut-être vaudrait mieux t-il que j'appelle ma mère avant d'appeler l'Ambassade ?

  • 8 – Calme et sérénité tu conserveras

Parmi les sentiments qui m'ont traversé.. Tout d'abord l'énervement : être honnête et venir faire du bénévolat vous donne le droit de payer trois fois plus cher qu'un touriste. Ensuite, le regret : éviter de faire le visa à objet déterminé vous permettra de gagner 2 semaines à profiter de la vie au lieu de courir partout pour des formalités administratives. Pendant un instant, j'ai vraiment détesté ce continent et son fonctionnement, et je n'avais envie que d'une chose : rentrer dans mon pays.

  • 9 – Un coup de maître tu tenteras

Une dernière solution peut-être ? Et si je disais que mon bénévolat n'a duré que 2 semaines, mais que j'ai finalement décidé de ne faire que visiter ? Exprimé comme ça, tout paraît simple. Passer à l'acte et se présenter devant l'immigration en est une autre. Malgré tout, il est nécessaire d'arriver l'air de rien, en souriant et en lançant un « para prolongar mi visa de turismo por favor ». Pendant que le monsieur regarde votre passeport d'un air soupçonneux, fixez d'un air intéressé le portrait d'Evo Morales accroché au mur. Répondez calmement aux questions. Et surtout, surtout, ne sautez pas de joie quand il vous appose le tampon de « 90 jours » à partir du 31 Août (et ce, même si vous envie de lui sauter dans les bras).

  • 10 – La chance tu remercieras

Rédigé par Adeline

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