Vingt ans en Bolivie

Publié le 6 Novembre 2012

Je me suis réveillée ce matin là le cœur chargé de nostalgie. Je trainais derrière moi dix-neuf années de souvenirs d’anniversaire, dont un océan entier me séparait. Cette année, pas de bal Ossunois où je croulerai sous les câlins collectifs de mes ami(e)s d’enfance. Cette fois, pas de douce journée familiale autour d’un repas typique de mon coin de paradis Sudiste. Et pourtant, je savais que ce 1er Novembre 2012 serait extraordinaire. Et pour cause, mes vingt ans seront boliviens.

 

06h30 – Un croissant pour mes 20 ans ?

A cet instant précis, j’aurai été prête à délaisser le dulce de leche, la chicha, et les fruits exotiques pour un simple croissant ou une chocolatine. J’aurai même été prête à céder sur le principe ultime du Sud-ouest et à parler de « pain au chocolat » (c’est dire). Pour autant, je suis contrainte de me contenter d’un « pain français ». Ici, il existe des cours d’expérimentation pour se rapprocher des techniques de fabrication artisanale française, et j’en conclus que je viens d’engloutir la phase 3 : « forme acquise, mais manque de ressemblance gustative ».

 

07h30 –Un premier Novembre printanier

J’enfile mon tee-shirt et mes tongs avec un sourire tout particulier : pour la première fois de ma vie, mon anniversaire ne rimera pas avec ciel gris. Non, cette fois, j’ai la chance de profiter du soleil et du printemps Sud-Américain (enfin presque, le ciel n’étant pas tout à fait bleu et un orage guettant les sommets enneigés du pic Tunari).

 

08h20 – Des fêtes de la Toussaint non fériées

En Bolivie, le 1er Novembre n’est pas férié, ce qui signifie qu’au lieu de trainer sous ma couette pour récupérer de la fête de la veille, je débarque au bureau où tout le monde a déjà commencé la journée de travail. Pour autant, je n’ai pas voulu prendre un jour de congé, pour deux raisons. Tout d’abord, rester chez moi toute seule ne correspond pas vraiment à la conception que j’ai d’une journée inoubliable. Ensuite, autant je n’ai pas une envie folle de travailler, autant je suis ravie de savoir que je vais passer ce jour avec mes collègues de Mano a Mano Bolivia. Quand j’utilise le mot « collègues », c’est en fait purement définitionnel puisqu’ils font partis de mes plus belles rencontres dans ce pays. Eux dont j’ignorais l’existence il y a deux mois à peine sont aujourd’hui de véritables amis. D’ailleurs, à peine ai-je franchis la porte que Luzneida, occupée à escalader le meuble pour trouver une casserole, trouve le moyen de me chanter « Happy Birthday » en équilibre sur une chaise. Elle m’accueille ensuite avec un de ces câlins dont elle a le secret, le genre maternel et bienveillant, le genre qui me fait me sentir bien.

Luz, Gorje, Moi et Sergio

Luz, Gorje, Moi et Sergio

09h30 – Sac en cuir de lama et parillada

J’en ai eu des beaux cadeaux pour mes anniversaires, mais celui-là est parfait : typiquement bolivien, mais offert par la seule amie française que j’ai à mes côtés ce jour-là. Camille m’a déniché un sac à main de tissu bleu et en cuir de lama : ce qui va me permettre d’abandonner mes cabas de supermarché pour un vrai sac à main (oui, de temps en temps, j’aime bien abandonner mes affaires d’aventurière). Après avoir skyper mes parents, mon frère et même ma grand-mère, je dois de nouveau quitter la France pour revenir en Bolivie. Une douce odeur monte déjà à l’étage, et je me rends compte que Sergio (un collègue avec qui je m’entends particulièrement bien) n’est pas apparu de la matinée. J’entends de l’agitation en bas mais comme j’aime les surprises, je me force à ne pas comprendre.

 

13h00 – Un repas d’anniversaire au couleur de Mano a Mano Bolivia

Pour mon plus grand bonheur, je m’aperçois que Sergio a passé toute la matinée à cuisiner : poulet au barbecue, pommes de terre, et salade de tomates. J’ai la chance de partager ce moment avec l’ensemble de l’équipe : des ouvriers au personnel du bureau, en passant par les volontaires. Après un repas dans une bonne ambiance générale, je souffle le cierge sur un gâteau d’anniversaire pur chocolat (préparée par nos soins avec la recette de la petite sœur de Camille). Et oui, j’ai bien soufflé mes vingt ans sur un cierge…

Vingt ans en Bolivie

23h – Journée d’émotion

Le moment le plus émouvant fut sans doute la chanson d’anniversaire chantée par mes collègues de MMB. Ce sont des personnes dont j’admire le travail au quotidien : eux qui permettent à cette ONG de fonctionner, en bossant sous le soleil brulant et en mâchant des feuilles de coca toute la journée pour ne pas ressentir la douleur et la fatigue. Ce sont aussi ceux que j’admire en tant que personne, des hommes discrets et généreux, dont la peau ne cesserait de rougir si elle n’était déjà pas bronzée et brûlée par le soleil. Le soir, dernier gâteau partagé avec la famille dans laquelle nous vivons. Un « joyeux anniversaire » chanté par la petite Nicole et le petit Nacho, et me voilà comblée. Je finis cette journée avec un troublant sentiment de bonheur nostalgique. Je ne peux pas le nier : je rêve déjà de fêter à nouveau mes 20 ans sous le soleil estival français, entourée de mes proches. Même si j’ai passé une journée formidable, je suis légèrement déçue de ne pas avoir pu partager plus de choses avec la famille chez laquelle je vis depuis le mois d’Août. Malgré tout, je comprends : le mariage du plus jeune est en préparation, et la petite Samantha (7 mois) nécessite tellement d’attention et de temps… Et puis, ce soir, j’ai regardé les étoiles un verre de vin à la main, en me rappelant tous les souvenirs de ces années passées et en me disant « c’est bientôt fini maintenant, plus que 12 mois à attendre avant le prochain ».

 

Samedi 03 Novembre – 18h30 : une surprise peut en cacher une autre

Mon article aurait du s’arrêter à la phrase précédente. Avec Camille et Jessica (volontaire médecin de Belgique), nous avions prévu d’aller au restaurant et éventuellement de sortir en boîte le Samedi. Mais enfin, même si le moment promettait d’être agréable, je me voyais mal vous raconter le contenu du plat et la décoration de la discothèque. Et pourtant... rien ne s’est passé comme prévu (roulement de tambourssss) !

L’après-midi, alors que nous visitons le jardin botanique de Cochabamba, Camille reçoit un appel de Monica (chez qui je vis) qui veut venir manger avec nous pour un repas entre filles. Le rendez-vous est donné à 18h30 chez elle (et chez moi aussi donc). On en profite pour aller manger une glace et on file rejoindre Monica. Camille sonne (« mais j’ai les clés Camille ! ») et Monica nous propose de venir boire le thé à l’intérieur. Après un petit flottement pour savoir qui doit passer en premier, je me décide et j’ouvre la porte dans un grand élan enthousiaste. Et là : SURPRISEEEEEE ! La maison est toute décorée de bleu (ma couleur préférée pour ceux qui l’ignorent) et remplie de visages familiers. Il y a mes amis bénévoles de l’association : Daniel, Rourke, Gabriela, Bree, Jessica, Alyssa et Nacho. Plus que surprise, je vais me cacher dans les bras de Sussy pour tenter de ne pas pleurer (la maman de Monica et celle chez qui vit Camille). Reprenant peu à peu mes émotions, je me rends compte que toute la famille est là : Aida avec sa fille Daniela et son marie Gorje ; Marie té avec son mari et ses deux fils, Carla, Monica, Erick, mais également Nicole et bébé Samantha.

Vingt ans en Bolivie
Vingt ans en Bolivie
Vingt ans en Bolivie

Camille et Monica préparaient ça depuis des semaines, sans que je ne me rende compte de rien (moi qui découvre toujours les surprises avant qu’elles aient lieu…). Alors oui, il y a une réunion bizarre avec Aida à qui j’ai du expliquer 3 fois le principe de mes enquêtes d’impact. Certes, Camille a voulu partir plus tôt dans la semaine et n’avait pas l’air motivée pour une grosse randonnée le Dimanche (ce qui n’est pas son genre). Et bien sûr, Jessica s’est resservie du café au moment où je voulais partir pour rejoindre la maison plus vite. Et surtout, le: "mais j'ai les clés Camille, pourquoi tu as sonné ?" .

Finalement, nous avons passé une soirée géniale, à manger, boire et danser (il faut dire que depuis qu’on est en Bolivie, on se débrouille un peu mieux). En bref, ce fut un moment de partage et de souvenirs. Je ne suis pas sûre de grand-chose quant à ce voyage : j’ignore encore le voyage que je vais préférer, je ne sais pas avec qui je vais garder contact, et il m’est impossible de savoir à quel point cette année me marquera. Pourtant, il y a une chose dont je suis certaine : je me souviendrai toute ma vie de mes vingt ans en Bolivie.

 

Et parce que cet article était quand même super sérieux...ENJOY !

Rédigé par Adeline

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